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Cheick Kongo avec la Rage de Vaincre

Lorsque le combattant Français Cheick Kongo fait son entrée dans l’octogone le dimanche 26 juin dernier pour l’UFC Live 4, il ne sait pas encore à quoi s’attendre. Nous non plus.  Ce qu’il sait par contre, c’est qu’il a été absent durant 8 longs mois.

Lors de l'UFC Live 4 en Juin dernier, Kongo sait qu'il va devoir redoubler une fois de plus d’efforts s’il veut rester dans la course au titre, son unique objectif depuis ses débuts dans l’organisation face à Gilbert Aldana lors de l’UFC 61 en 2006.

Cheick Kongo fait partie de ces combattants qui ne font pas beaucoup parler d’eux mais qui ne s’arrêtent jamais. Son quotidien est simple et se résume à l’entrainement. Entièrement dévoué à son objectif : pouvoir passer la ceinture des poids lourds de l’UFC, un jour prochain, autour de sa taille.

Une mission qu’il s’est donnée en 2006 lorsqu’il rejoint les rangs de l’organisation de MMA devenue la plus prestigieuse au monde mais à  l’époque, lorsqu'on est Français et qu’on pratique le combat libre, on est dans le camp des tranchées. 
Et ils sont nombreux à être entrés en résistance dans un pays où le Sport n’est toujours pas au cœur des priorités. Où les arts martiaux, classiques ou modernes, ne brassent pas suffisamment d’euros ou de droits télé pour qu’on s’y intéresse. 
Et elles sont nombreuses les salles  que l’on veut garder dans l’ombre mais qui illuminent  la vie de milliers de jeunes. Car oui, les sports de combat tels que les Arts Martiaux Mixtes, sont d’abord appréciés par les jeunes des quartiers que les décideurs cataloguent comme « quartiers sensibles », un peu comme ils rangent le MMA dans le tiroir des sports populaires mais non désirés. Ils seraient surpris s’ils se rendaient directement sur place. 
A l’heure où les minorités ont bien du mal à se faire entendre en France ou plus généralement en Europe,  l’UFC cherche à conquérir la planète en faisant du MMA, un sport de masse pratiqué et apprécié  dans le monde entier.  
Aujourd’hui en France, les Arts Martiaux Mixtes sont  ce qu’était la boxe thaïlandaise il y a une vingtaine d’années. A l’époque où les Danny Bill, Kamel Jemel et quelques rares autres Français se testaient dans les plus gros tournois thaïlandais. Aller vaincre les champions chez eux pour en devenir un. Chez eux. Car il leur faudra bien longtemps avant de s’affirmer comme des têtes d’affiche en France.
Et Cheick Kongo, lorsqu’il arrive dans l’octogone de Pittsburg le 26 Juin dernier est de ceux-là : tête d’affiche pour la première fois, le Français qui assure le combat principal après l’annulation de la participation de Marquardt à l’événement sait que la pression est forte. Il déclarera d’ailleurs :
 
«  Je n’ai pas peur lorsque j’arrive dans l’octogone mais cette fois-ci, c’est vrai qu’il y avait plus de pression. Et quelques appréhensions car j’ai passé huit mois sans combattre donc j’étais impatient de revenir et de voir où  j’en étais ». 

Et Cheick Kongo, comme Danny Bill ou Kamel Jemel vient de là. Du 9-3 d’abord. Et du pieds poings aussi. Kongo vient de Sevran. Une ville de banlieue avec laquelle les medias ne sont pas tendres. On aime en parler pour des règlements de compte, de trafic de drogue et d’autres histoires de quartiers qu’on se plait à médiatiser.
Mais à Sevran, et en Seine-Saint-Denis plus généralement. Il y a aussi du positif. Beaucoup plus que veulent bien le penser certains. Il y a des champions. De grands champions même s’ils ne font pas encore la une des journaux. 
Parcours trop ordinaires sans doute. Ou pas assez stéréotypés pour attitrer le feu des projecteurs.
Cela n’a jamais dérangé Cheick Kongo qui sait depuis le départ que le handicap est multiple «  Je viens de la banlieue. Je suis noir. Je pratique un sport de combat non reconnu en France. Je ne ferais jamais l’unanimité mais on s’habitue. Je reste concentré sur mes objectifs et ne perd pas de temps avec ces détails qui finalement me rendent plus fort ». 

 A 36 ans,  Kongo est le combattant Français de MMA le plus connu au monde.
D’autres ont contribué à donner une vraie place à ce sport à l’intérieur des frontières : ils s’appellent Jess Liaudin, Cyrille Diabaté, Antony Réa et j’en oublie certainement…

En attaquant sa sixième année dans la plus prestigieuse des organisations d’Arts Martiaux Mixtes, Kongo a du forcer le respect. D’abord des supporters Français  qui ne parvenaient pas à s’identifier à une figure nationale, préférant les stars brésiliennes ou américaines.

Le natif de Sevran a du vaincre les Aldana, CroCop, Hardonk et autres Evensen avant de convaincre le public. Ses échecs sont Carmelo Marrero, Heath Hearing , Cain Velasquez et Franck Mir. Puis il a du forcer le destin : combat après combat, il a gravi les échelons. Pour arriver au sommet, en pay-per-view, n’en déplaise aux journalistes américains pas encore prêts à ce qu’un Français devienne le numéro un chez eux. Ni numéro deux d’ailleurs.
Enfin, Kongo a forcé la victoire. Face à un Pat Barry venu l’emporter à Pittsburg, Kongo a encaissé deux terribles frappes qui l’emmènent au tapis d’où il se relève immédiatement. Les erreurs du passé lui ont appris à ne pas se précipiter. Et ne jamais abandonner.  On se souvient de son face à face destructeur contre Cain Velasquez en Allemagne durant lequel Kongo encaissera sans broncher jusqu'au gong final contre celui qui deviendra et restera le champion des poids lourds de l’UFC.

Mais lors de cet UFC Live 4, le scenario est différent. Kongo se rebelle, répond aux assauts et surprend son adversaire. Alors que le public voit une victoire de Pat Barry sans aucun doute, Kongo sort un uppercut venu de loin. Et qui étonnera les milliers de spectateurs présents à Pittsburg et les millions derrière leur téléviseur. 
« It’s all OVER » entend-on aux commentaires de Joe Rogan et Mike Goldberg. C’est terminé. En une fraction de seconde, la tendance s’inverse et Barry tombe KO. Il ne se relèvera pas. Kongo peut lever le poing.  Haut. Très haut. D'autant qu’il revient de loin. Très loin. 
Sa rage de vaincre l’a une fois de plus mené à la victoire dans un combat où on ne l’attendait pas. Ou plus. Et pour la première fois de sa carrière à l’UFC, Kongo repart avec le bonus du KO de la soirée. Celui-là même qui lui était si souvent passé sous le nez. Parce que d’autres KO avaient été plus percutants, plus nets, plus spectaculaires que les cinq précédants celui de Pittsburg.
 Le show, lors de cet UFC Live 4, Kongo l’a fait.
Mais ce n’est pas ce qu’on retiendra en conférence de presse où la seule question qu’on lui pose est la suivante :

« Pensez-vous avoir été convaincant, comment jugez-vous votre performance de ce soir ? ».
En parlant avec lui, on se rend vite compte que le Français a une rage de vaincre mais pas de convaincre.

«  J’ai l’habitude que les journalistes ne m’interrogent pas beaucoup en conférence de presse. Cela ne m’atteint pas. Je suis là pour un objectif autre que celui d’être dans la lumière ou sur les photos. Je suis en mission. Mon but est d’aller chercher le titre et rien ne m’en détournera ».
Reste toutefois à confirmer. Kongo qui fêtait le 8 Juillet dernier ses cinq années à l'UFC va devoir montrer qu’à 36 ans, il est encore trop tôt pour l’enterrer. Et surtout, qu’il n’a pas fini de s’entêter.
Un défi des plus coriaces pour ce colosse de 110 kilos qui ce soir de 26 Juin pensait à rassurer sa maman «  Je vais bien et je vais bientôt rentrer » seront ses premiers mots pour celle qu’il garde loin de sa rage de vaincre mais tout près de son cœur.